Les jeux de ficelle et les berceaux du chat de Palau
par
Mark Sherman,
Pasadena, Californie
Introduction
du jeu de ficelle: il y a exactement un siècle,
Caroline Furness Jayne publiait le premier livre
consacré entièrement aux jeux de ficelle, et nous
donnait notre premier aperçu des jeux de ficelle de
Micronésie, en particulier ceux des prétendues
"Iles Caroline" (essentiellement Yap et Ngatik)
et de Nauru. Elle marque aussi l'anniversaire
des 100 ans du travail de terrain du jeu de ficelle de
P. Raymund, à Palau, un archipel situé à l'ouest
des Carolines. Il arriva là-bas en tant que
missionnaire en 1905 et travailla en étroite
collaboration avec les insulaires, pendant quatre
années. Bien que n'étant pas anthropologue, il
était néanmoins, intrigué par la culture unique
qu'il a rencontré dans les "Mers du Sud" exotiques,
et comme beaucoup de ses collègues missionnaires,
fit des efforts pour documenter, d'une manière
scientifique, ce dont il était témoin. De manière
plutôt étonnante, il choisit de documenter les jeux
de ficelle, qu'il avait vu réaliser par des enfants
réaliser, espérant qu'un jour quelqu'un trouvera
l'information utile et intéressante: "J'avais tendance
à chercher les différentes formations et variations
de ceux-ci. Etant donné que les habitants de plusieurs
îles du voisinage, comme Bur, Yap, les Marianes,
Ponape, etc., devaient connaître et jouer à ce jeu
aussi, ce serait, sans aucun doute, très important et
intéressant de faire un synopsis et une comparaison
de ses diverses formes et interprétations. " A partir
de 1906, Raymund a commencé à photographier
des Palauans étendant leurs jeux de ficelle, et a noté
ce que les motifs représentaient, d'après les îliens.
Malheureusement, pour des raisons non élucidées,
il n'a pas réussi à apprendre à réaliser les figures.
Finalement, Raymund a parlé de ce qu'il venait de
recueillir à P.F. Hesterman et Fr. Wilhelm Schmidt
à Vienne, qui l'encouragèrent à écrire un article
sur les jeux de ficelle palauans. Comprenant que
ce qui était recueilli par les missionnaires méritait
d'être partagé avec des érudits, Schmidt lança
un nouveau journal en 1906, qu'il appela Anthropos.
En tant que pasteur anglo-saxon, son premier but
était de propager l'information culturelle qui
semblait importante pour le travail missionnaire,
Mais du début, ce fut un journal strictement
scientifique consacré à l'ethnologie. Les articles
étaient, et sont encore, publiés dans le langage de
l'auteur qui contribuait, les langues les plus
courantes étant l'anglais, l'allemand, le français
et l'espagnol. L'article de Raymund sur les jeux
de ficelle est paru dans le Vol.6 qui a été publié
en 1911, avec des illustrations dessinées par
Hestermann. Il a été rapidement suivi par la
collection de Landtmann de la Nouvelle Guinée
Anglaise (Vol. 9, 1914) et de la collection de
Boegershausen de Neupommern (Vol. 10-11,
1915). Seule la méthode de Landtmann
incluait des méthodes de constructions.
Le manque de méthodes de construction de
l'article de Raymund ennuya beaucoup
d'érudits du jeu de ficelle, y compris Kathleen
Haddon en Angleterre, qui venait juste de publier
son propre livre sur le jeux de ficelle (Cats Cradles
from Many Lands). En 1913, dans une lettre
d'Hestermann adressée à Erich von Hornbostel,
il écrivit, "Mme Haddon me reproche dans une
lettre concernant ma critique de son livre, sur le
fait que les jeux de ficelle de P. Raymund n'ont
pas de valeur du tout pour des investigations
scientifiques, étant donné que la construction de
chaque figure n'est ni décrite, ni recueillie. Vous
serez étonné quand je vous dirai que j'ai ma propre
opinion sur ce sujet. " Et vraiment, il l'a fait -
vous pouvez lire le texte complet de sa lettre
dans le Bulletin de l'Association Internationale
du Jeu de Ficelle, Vol. 4, pages 115-118, publié
en 1997. La grande collection de de Roth du
Nord du Queensland (reproduite dans le livre de
Jayne) était critiquée de la même manière. Le
principal souci était que des motifs identiques
pouvaient quelques fois être réalisés, en employant
des méthodes différentes, et donc sans la méthode,
il était difficile de déterminer si la similarité
observée était seulement une coïncidence ou
un témoignage de contact antérieur. Pour cette
raison, la collection de Raymound a été
grandement ignorée durant des années.
Récemment, cependant, d'immenses progrès ont
été réalisés dans la reconstruction des jeux de
ficelle, dont on connaît seulement les motifs
finaux, avec l'accent placé sur l'emploi de
techniques de la culture spécifique (voir, par
exemple, le 2ème livre d'Honor Maude
The String Figures of Nauru Island, publié en
2001). Evidemment, on peut légitimement comparer
les méthodes reconstruites, même celles d'une culture
spécifique, avec des méthodes connues recueillies
ailleurs en Océanie, et déclarer que les méthodes
observées constituent la preuve de la migration
humaine ou d'un contact antérieur: il n'existe
tout simplement pas de manière de savoir,
exactement, comment les figures mystérieuses
on été à l'origine réalisées. Mais on peut employer
cette approche pour "ressusciter" des jeux de ficelle
longtemps oubliés dans un but de divertissement,
et peut-être même de la matière première pour
des programmes de sensibilisation culturelle. Avec
ce but en tête, tous les jeux de ficelle de l'article
de Raymund ont été reconstruits avec succès
pendant l'été de 2006*. Pour ces figures réalisées
à l'aide de méthodes connues ailleurs en Océanie,
une analyse de la distribution a été entreprise pour
déterminer la probabilité que la méthode
sélectionnée puisse avoir été connue à Palau,
(par exemple, si la méthode a aussi été trouvée
dans le voisinage de Yap et de la Nouvelle Guinée,
mais nulle part ailleurs, alors les chances d'avoir
été connue à Palau, sont plus élevées). Une
traduction anglaise du texte original en allemand
a aussi été entreprise pour rendre les contes et les
légendes associés à chaque figure, accessibles
à une plus large audience. Mais avant de présenter
la traduction, les méthodes reconstruites, et les
données de la distribution, les auteurs offrent au
lecteur quelques informations de base sur Palau,
pour créer un contexte culturel pour la
collection. Nous donnons aussi un instantané
de la vie de mission, comme l'a expérimenté
P. Raymund, pendant ses quatre années à Palau
pour souligner les conditions primitives dans
lesquelles il a travaillées.
* Voici ici un exemple Raymund 63
(Bisfa 14, Jeux de ficelle avec extensions inhabituelles sur les mains)
Sur Palau
Géographie et climat
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Bulletins ISFA Bisfa 13 Mark Sherman Les jeux de ficelle et les berceaux du chat de Palau
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