UNE CONVERSATION AVEC CAMILLA GRYSKI: page 8
LA "LADY FICELLE" DU CANADA
par
MARK SHERMAN
Pasadena, Californie
Sherman: Quel sont vos meilleurs souvenirs
de l'Arctique?
Gryski: J'ai beaucoup de bons souvenirs. En,
86, j'ai visité Fort Nelson et Whitehorse, et
j'ai attrapé un rhume et étais enrouée. Mais
cela s'est arrangé pendant la semaine. Donc,
lorsque je suis partie, j'étais assez bien. De
toute façon, j'ai réussi à aller nager dans des
sources chaudes, dans la neige. Donc, alors que
vous nagez, vos cheveux gèlent car c'est moins
22, vous savez. Vous êtes dans une très chaude
piscine , et c'était brumeux, brumeux, brumeux,
et mes cheveux étaient tout gelés. Et je me
souviens qu'à un moment il y avait des enfants
dans l'étang, et ils sont venus vers nous, alors
qu'ils sortaient de la brume, ils ont dit, "Oh
regardez! C'est la fille ficelle!"
Sherman: C'est amusant! Comment à
Pond Inlet, avez-vous réussi à rencontrer
l'auteur du jeu de ficelle le
Père Guy Mary-Rousselière?
Gryski: Oui je l'ai fait. Il m'a montrée tous
ces jeux de ficelle inuits scotchés sur des
feuilles de papier. C'était merveilleux de les
tenir. En fait, je ne savais pas que je m'y
retrouverais un jour. J'étais censée aller dans
un autre endroit, nommé Rivière Clyde, mais
c'était en novembre et c'était sombre la plupart du
temps, et il y avait des tempêtes. Les gens qui
avaient arrangé la tournée du livre on dit,
"Eh bien, vous allez prendre cet avion, et si vous
arrivez à Clyde c'est bien, ou bien vous pouvez
aller à Pond." Donc je ne suis pas arrivée à
Clyde, je suis arrivé à Pond, et la femme qui
m'attendait m'a emmenée dans la maison
de quelqu'un qui n'était pas là, pour y habiter.
J'étais toute seule. De toute façon, elle m'a
dit que le lendemain matin à 7 heures, il y
aurait un avion qui reviendra à Clyde, et
je devais voir si je pouvais y monter. Etant
donné qu'il n'y avait pas de routes là-bas,
vous deviez voyager partout en avion. Le
lendemain matin j'étais prête, mais j'ai reçu
un appel de cet homme disant que l'avion ne
passerait pas par Clyde, et donc je devais
juste sauter ce voyage. De toute façon, je me
suis levée tôt, vous savez, c'était encore sombre,
donc je me suis juste assise et j'ai observé le
ciel lentement s'éclairer, et alors qu'il était
éclairé, j'ai découvert qu'il y avait une énorme
chaîne de montagnes de l'autre côté de ma
fenêtre, cette extrêmement belle chaîne de
montagnes. Lorque je suis arrivée la nuit
d'avant, je ne savais pas qu'elle était là-bas,
mais sortie de l'obscurité, cette chaîne de
montagnes est apparue devant moi. C'était
prodigieux. C'était très beau.
Sherman: Vous avez fait mention d'une scène
d'un film vidéo à Pond Inlet, durant un de vos
ateliers. Pouvons-nous le voir?
Gryski: Oui, regardons la vidéo.
Sherman: Les ficelles ne sont pas très colorées.
Avez-vous fourni les ficelles?
Gryski: Non, ils n'aimaient pas mes ficelles.
Elles étaient trop longues.
Sherman: Ah, regardez cet homme. Il est
en train de réaliser la "Mouette". N'est-ce pas
merveilleux? Ils ont toujours un tel sourire sur
leur visage, ils sont toujours si fiers
d'eux-même.
Gryski: Oui, c'était vraiment une belle journée.
Toujours, lorsque j'étais dans le nord, tout le
monde était entièrement plongé dans les activités.
Ce n'était pas si organisé, mais tout le monde
venait et tout le monde jouait, pas seulement des
jeux de ficelle, mais d'autres jeux indigènes.
Sherman: Je suis surpris de voir tant de livres
dans leur bibliothèque. Je ne savais pas qu'ils
étaient si bien équipés là-haut.
Gryski: Eh bien, les Territoires du nord-ouest
ont beaucoup investi dans l'éducation.
Sherman: Cet homme faisant des jeux de
ficelle dans le coin, ses mouvements sont si
fluides.
Gryski: Oui, cela a l'air si beau. Vous savez,
nous réalisons souvent des jeux de ficelle, et
observont si rarement les gens les faire, nous
ne nous rendons pas compte combien elles
sont belles.
Sherman: Est-ce que cette vieille femme inuit
ne vous enseigne pas comment en réaliser un?
Gryski: Oui, son nom était Jochebed Katsak.
J'apprenais à faire "Beluga" (créature blanche)
la baleine, la baleine fontaine. Je ne l'avais
jamais vue avant, je ne m'étais pas rendue
compte qu'elle était dans Rousselière. Regardez
l'affolement sur mon visage! C'était une figure
si difficile, je pensais, "je ne vais jamais réussir
à apprendre ce jeu de ficelle, cette baleine
fontaine. Je vais retourné à Toronto sans
l'avoir appris." Donc j'ai demandé si cela ne la
dérangeait pas d'être filmée.
Sherman: Elle est une bonne professeure, elle
bouge lentement.
Gryski: Oui, il est difficile de bouger lentement.
C'est vraiment dur. Heureusement, je me suis
suffisamment rappelée de ce qu'elle m'avait
enseignée, pour réaliser la figure avec succès,
lorsque je suis retournée à Toronto. L'histoire
qui l'accompagne est une de mes préférées. Je
la raconte toujours aux enfants. Oh regardez!
C'est la baleine soufflant [la femme du film
inspire et expire de façon théâtrale].
Sherman: Ah!
Gryski: Eh donc lorsque je la fais pour les
enfants, je fais cela aussi, je souffle et j'halète
et je leur dit, "C'est ce que vous devez faire.
Vous pouvez penser que c'est drôle, mais
c'est ce que la dame inuit a fait. C'est pourquoi
je le fais de cette manière?" Je pense que c'est
vraiment important de conserver tous les
éléments narratifs lorsque vous apprenez une
nouvelle figure.
SUITE
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