Les jeux de ficelle et les berceaux du chat de Palau 5
P. Raymund (Patre Raymund = Père Raymund)
était un Prêtre Capucin d'Oberweiler, Baden,
Allemagne. Son nom entier était Raymund Laile.
De 1905 à 1909, il a été missionnaire à Palau,
remplaçant les Capucins espagnols, qui se
trouvaient là depuis 1891. Lorsqu'il arriva,
seulement 140 des 4000 habitants avaient
abandonné leur religion indigène pour devenir
Catholiques. En janvier 1907, Fr. Salvator Walleser
et trois frères laïques ont rejoint Fr. Raymund
Laile, qui avait été nommé à Palau, pour superviser
l'école de la mission à Koror. Les premières années,
les missionnaires allemands vécurent ensemble à
Koror, où ils travaillèrent à améliorer la station
de la mission, et à construire une école pour filles,
qui devait être dirigée par les soeurs franciscaines
allemandes. Au début, les offices de l'église se
tenaient dans un petite cabane faite de feuilles de
métal, mais plus tard dans l'école spacieuse des
filles.
Au début, les Capucins allemands ont été
désappointés de l'apathie religieuse, qu'ils
rencontraient à Koror, mais lorsque le gouvernement
allemand nomma un administrateur résident à Palau,
il devinrent plus optimistes: le gouvernement bannit
la prostitution dans les maisons de réunion des
hommes, et découragea les sorciers locaux de
recueillir de l'argent, pour communiquer avec
les esprits, en exilant quelques uns à Yap. Plus
tard, le gouvernement détruisit leurs temples
et en arrêta plusieurs, qui continuaient à
pratiquer le contact des esprits. Pendant ce
temps, les Capucins allemands accélérèrent
leur travail de construction. Ils comprirent
que les adultes palauans ne se pressaient pas
de devenir chrétiens, mais étaient néanmoins
désireux d'envoyer leurs enfants à l'école de
la mission. Etant donné que les enfants étaient
beaucoup plus faciles à persuader de changer,
les missionnaires décidèrent de concentrer tous
leurs efforts pour gagner leurs cœurs et leurs
esprits, et pour modeler leur style de vie, en
conséquence. Lorsque l'école de Koror s'ouvrit,
enfin, 70 élèves s'inscrivirent, la plupart venant
de familles de haut rang. En 1908, pour
impressionner les parents, il organisa un grand
spectacle en l'honneur de l'anniversaire de
l'Empereur, dans lequel les écoliers récitèrent
de la poésie allemande et chantèrent plusieurs
chansons allemandes, à une très grande assemblée
de personnes qui étaient venus de tout Palau
(Laile 1908).
En juillet 1909, Fr. Raymund Laile fut renommé
à Ponape. Son départ coïncide avec l'arrivée de
trois sœurs franciscaines, qui enseignaient dans la
toute nouvelle école pour filles. Dans les écoles pour
les filles et ainsi que les garçons, toutes les leçons,
exceptée la religion, étaient enseignées en allemand.
Les élèves, âgés de 6 à 20 ans, étaient décrits comme
étant ponctuels, studieux et désireux d'apprendre.
Chaque matin, ils arrivaient avec leurs ardoises et
leurs cahiers d'exercices. Une fois que les erreurs
avaient été corrigées, les élèves copiaient le texte
allemand dans leurs cahiers, en employant une
plume et de l'encre. Les élèves adoraient les grandes
cartes que les enseignants déroulaient pendant le
cours de géographie, et aimaient apprendre par
cœur les noms des pays européens et leurs capitales.
Comme leurs parents, ils étaient désireux d'en
savoir plus sur le monde occidental.
Dans leur rapport sur la mission, les Capucins
écrivirent qu'ils auraient pu ouvrir une école dans
chaque district, si grande était la demande pour
l'éducation. Ils limitèrent leurs travail à Koror,
tant que Fr. Laile était posté à Palau, mais en
mai 1910, ils ouvrirent une seconde mission à
Melekeok, là où les Espagnols avaient établit
une petite mission, peu de temps avant leur départ,
en 1906. Contrairement aux adultes de Koror,
qui étaient quelque peu blasés par leurs interactions
précédentes, avec les commerçants et les baleiniers
renégats, beaucoup d'adultes à Melekeok, montrèrent
de l'intérêt pour les sermons, et quelques uns rejoinrent
même l'église. Cela inspira les missionnaires, qui souvent
se lamentaient du fait que la plupart des adultes à
Koror, qui avaient été baptisés enfant par les
missionnaires espagnols, avaient abandonné leur foi,
et repris leurs coutumes païennes, une fois qu'ils
rencontraient des difficultés pour se marier.
Le succès de la mission et de l'école à Melekeok,
donnèrent naissance à d'autres. En 1911, trois
nouvelles stations missionnaires ont été établies
dans d'autres parties de l'île.: à Ngatmel, Airai et
Aimekliik. La station de Ngatmel, un village à la
pointe nord de Ngarchelong, était le pays natal de
la communauté de 80 Chamorros. La petite mission
et l'école à Airai étaient visitées deux fois par semaine,
par un prêtre de Koror. Les 40 enfants, là-bas, étaient
enseignés par un catholique palauan, qui avait été
formé par l'école de la mission à Koror. La plus grande
des trois nouvelles missions était à Aimeliik, qui avait
été ouverte pour les 400 exilés de Pohnpei, qui avaient
été déplacés là par le Gouvernent allemand, après
une rébellion. La plupart étaient déjà catholiques, mais
étant donné que les Capucins allemands ne parlaient
pas leur langage, s'occuper d'eux s'avéra être un sacré
défi. Pour compliquer encore les choses, 200 Palaos
résidaient aussi dans le district. Un compromis fut
trouvé: Fr. Placidus faisait l'office du dimanche dans
deux langues, et enseignait deux classes séparées, la
semaine, une pour les Pohnpeis et une autre pour les
Palaos.
Entre temps, la situation à Koror s'améliora. 100
élèves étaient inscrits maintenant à l'école, et les
élèves plus âgés étaient diplômés après quatre
années d'étude. L'inscription n'était plus limitée
aux élèves des familles importantes. Finalement, les
écoles des garçons et des filles furent combinées, et
dirigées entièrement par les trois soeurs franciscaines,
libérant ainsi les prêtres. Mais alors que les
missionnaires commençaient à voir quelques progrès,
un sérieux revers se produisit. En novembre 1912,
un typhon frappa Palau et démolit tous les bâtiments
de la mission à Melekeok, Aimeliik, Airai et Ngatmel;
seule la mission à Koror n'eut pas de sérieux dommages.
Toutes les écoles et les églises étaient réduites à rien.
Etant donné qu'on manquait de fonds pour la
reconstruction, les Capucins, d'une manière ou d'une
autre, employèrent du matériel local combiné avec
du bois et de l'étain récupérés des ruines, pour
reconstruire les structures, au moins temporairement.
Ainsi, à mi-1913, toutes les écoles furent de nouveau
ouvertes.
Le travail de la mission continua sans incident jusqu'en
1913, en dépit des grand changements de personnel
(presque tous ont été renommés dans d'autres îles et
remplacés par de nouveaux arrivants). Mais en
octobre 1914, un événement encore plus désastreux
que le typhon arriva aux Capucins allemands: deux
navires de guerre japonais entrèrent dans le port et
s'emparèrent des îles. Tous les ressortissants
allemands furent déportés en moins d'un mois.
Les autorités japonaises dirent aux missionnaires
qu'ils pouvaient rester mais que leurs activités
seraient surveillées de près. Dans les semaines qui
suivirent, les soldats flirtèrent avec les sœurs,
harcelèrent les écoliers et maltraitèrent les prêtres.
Le bâtiment de l'école fut pris et employé à des buts
militaires. Finalement, les sœurs furent envoyées à
Melekeok, qui était plus sûre.
Pendant 1915, les missionnaires continuèrent leur
travail, même si les tensions augmentaient. Pour
finir, en octobre 1915, les Capucins allemands furent
rassemblés et accusés d'espionnage et d'incitation à
la rébellion, contre des officiels japonais. Après un
mois d'auditions, le commandant japonais dit aux
missionnaires qu'ils avaient un mois pour quitter
l'île. Et donc, le 30 novembre 1915, cinq Capucins
et cinq sœurs franciscaines firent leurs adieux à
leurs paroissiens, et embarquèrent à bord d'un
bateau militaire en route vers le Japon. En tout,
ils avaient converti 400 Palaos au christianisme.
On ne sait pas ce qui est arrivé à Fr. Raymund.
Une note dans le rapport de la mission de 1910,
dit qu'il a quitté la mission cette année, sans
doute pour retourner en Allemagne. Son article
sur les jeux de ficelle a été publié l'année suivante.
Bulletins ISFA Bisfa 13 Mark Sherman
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