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Association Internationale du Jeu de Ficelle

Jeux de ficelle et Tours Ojibwés

Recueillis par
Frederick W. Waugh

(1872-1924)

 

Edité et illustré par
Mark Sherman

 
ARTICLE EN COURS DE TRADUCTION

Résumé

 

La collection ojibwée de Frederick Waugh, récemment
 découverte, nous offre notre premier coup d'oeil
aux jeux et tours de ficelle, connus autrefois des
Amérindiens vivant à l'est des montagnes Rocheuses.
La collection comprend 23 jeux de ficelle et 10 tours
recueillis parmi les nord-Ojibwés de Lac Long,
Ontario, et des Saulteaux de Lac Seul, il y a plus de
quatre-vingt ans (1916-1920). C'est la première grande
collection jamais publiée d'une tribu algonquianophone.
Comme beaucoup de répertoires du jeu de ficelle, le
répertoire ojibwé comprend une poignée de figures-
coeur accompagnée par des variations. La majorité
des figures est unique, mais clairement apparentée
 à des figures connues partout en Amérique du Nord,
surtout celles du sud-ouest de l'Amérique. Le répertoire
comprend aussi quelques tours, qui n'avaient jamais
été recueillis auparavant, ce qui est étonnant étant
donné que la plupart des  tours sont distribués
globalement.


Introduction

 

En dépit de l'intérêt considérable, le répertoire  du jeu
de ficelle nord amérindien est resté largement indéfini.
Malheureusement, une grand partie de la connaissance
traditionnelle a été perdue pendant la période coloniale,
lorsque les colons américains sont arrivés de l'est,
annihilant beaucoup de populations indigènes, soit
délibérément, soit involontairement, par l'introduction
de maladies infectieuses. D'autres informations ont été
perdues lorsque les survivants ont été transférés loin
de leur patrie, ou ont été envoyés en pension, où on
leur a interdit de parler leur langue maternelle,
et forcé d'adopter des manières "blanches". Un
effacement similaire de la culture indigène s'est
produit au Mexique sous la domination espagnole.

Dans certaines régions, cependant, le contact avec
les Européens a été différé ou minimisé en raison
de l'éloignement du territoire, ou du manque d'accès
facile. Par conséquent, l'art de la réalisation des
jeux de ficelle est resté intact assez longtemps, pour
que des anthropologues recueillent les méthodes de
construction. Ces régions comprennent l'Arctique
(Gordon 1906:87-97; Jenness 1924; Victor 1940;
Paterson 1949; Mary-Rousselière 1969; Gordon,
Titus et Sherman 1999), les déserts du sud-ouest de
 l'Amérique (Haddon 1903; Jayne 1906; Foster 1941,
1944, Storer 1964; Titus 1998; Mitchell 1999;
Wirt et Sherman 2000), et le nord-est du Pacifique
(Teit 1900; Spier 1930; Olson 1936; McIlwraith 1948;
Averkieva et Sherman 1992).

 

Au début des années 1900, l'anthropologue Kroeber
et ses collègues ont entrepris une étude détaillée
 d'éléments culturels connus de tribus de l'ouest
(Kroeber 1939, et références ci-inclues). Leur
données suggèrent qu'autrefois, presque toutes
les tribus étudiées connaissaient les jeux de ficelle.
Mais aucune étude n'a été réalisée parmi les tribus
de l'est, en grand partie car beaucoup de
 connaissances avaient déjà été perdues, au moment
où les anthropologues ont commencé à s'y intéresser.
C'est particulièrement vrai pour les tribus
algonquianophones, qui habitaient autrefois la
Nouvelle-Angleterre, les états mi-atlantiques, la
région des Grands Lacs, et la moitié est du Canada.
Ces tribus ont été parmi les premières à
communiquer avec les colons arrivant d'Europe au
début des années 1600, et par conséquent les
premières à perdre leur culture indigène. Des
rapports éparpillés indiquent que les jeux et tours
 de ficelle étaient en effet réalisés par les tribus des
Grandes Plaines et de l'est. (Dorsey 1891; Haddon
1903; Jayne 1906; Culin 1907; Lowie 1909; Speck
1909; Fletcher et LaFlesche 1911; Skinner 1911,
1913; K. Haddon 1912; Lowie 1922; Davidson 1927;
Michelson 1929; Speck 1935; Voegelin 1936;
Speck 1944; Hasserick et Carpenter 1944; Quincy
1960; Roger 1967; Sterchi 1997). Mais seulement
quelques uns de ces rapports incluent des
illustrations ou des méthodes de construction, et
dans la plupart des cas, les deux ou trois figures
qui sont décrites sont très connues (Pied de
Corbeau, Echelle de Jacob, Tasse et Soucoupe, etc.).

 

Par conséquent, beaucoup de questions concernant
le répertoire nord américain de l'est restent sans
réponse. Par exemple, quels noms les indiens de
l'est assignaient-ils à leurs jeux de ficelle individuels?
Est-ce que leurs figures ressemblent à celles réalisées
par des Indiens du sud-ouest de l'Amérique, ou du
nord-ouest du Pacifique? Connaissaient-ils les
jeux de ficelle inuit (eskimos), ou les figures
réalisées par les Amérindiens du sud? Est-ce que
les colons ont introduit des jeux de ficelle dans leur
répertoire? Connaissaient-ils des tours de ficelle
connus dans le monde entier? Une collection
importante d'une tribu de l'est pourrait répondre
à beaucoup de ces questions.

 

La collection ojibwée décrite dans cet article
réduit la plupart de notre curiosité initiale.
Elle a été découverte récemment dans les archives
du Musée des Civilisations Canadien. La collection,
qui se compose de photographies et de notes de
terrain réalisées par l'ethnologue canadien
Frederick W. Waugh, date des années 1916-1920.
La collection de Waugh est inestimable pour
plusieurs raisons. Elle nous fournit notre premier
aperçu de jeux et tours de ficelle connus autrefois
des: (1) une tribu algonquianophone; (2) une tribu
des forêts claires de l'est/subarctique (les Ojibwés
occupaient les deux zones); et (3) une tribu vivant
à l'est des Montagnes Rocheuses. De plus, elle
démontre que des techniques connues des tribus
athapaskanophones vivant dans l'ouest, étaient
aussi connues des tribus algonquianophones,
vivant à l'est. Les implications de cette observation
sont discutées à la fin de cet article.

 

suite
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