Reru: Jeux de Ficelle des Indiens brésiliens Karajás 2
Sur notre travail de terrain, nous avons recueilli
un total de 50 figures rerus différentes Karajás,
nous avons réussi à recueillir les méthodes de
constructions de 28 d'entre elles, en employant une
version adaptée des bases de la terminologie de
construction conçue par Rivers et Haddon dans
leur classique de 1902 "Une Méthode pour
Recueillir des Jeux de Ficelle et des Tours",
et le Magazine du Jeu de Ficelle d'ISFA. Trois
informateurs principaux ont contribué au
recueillement de la collection rerue Karajá:
Ijeseberi Karajá, sa soeur Myixá Karajá, et leur
nièce Waxiaki Karajá, mais les méthodes de
constructions recueillies pour les 28 figures ont
été rendues possible grâce à la patience généreuse
de Myixá Karajá.
Un grand nombre d'éléments culturels et naturels
sont représentés dans le répertoire du jeu de ficelle
Karajá. Des animaux comme des tamanoirs (wariri),
des cerfs (watxi), des sangliers (hálá), des chauve-souris
(tyrehe), des vautours (rara), des grenouilles (krowetè),
des serpents (kurabikò), entre autres, ont leur propre
représentation en jeu de ficelle. Du monde naturel, les
Karajá ont vu des images de jeux de ficelle reflétant
des corps célestes comme la lune (ahãdu), et les
constellations (loròbytò), ainsi que le vent (kyhy),
et les lacs (ahu), qui par la même occasion, sont des
exemples intéressants de jeux de ficelle en mouvement.
Kyhy (vent) est une figure élaborée qui disparaît alors
que le joueur de ficelle souffle dessus, alors que ahu
ruyreri (la lac asséché) se rétrécira alors que le joueur
manipulera des parties spécifiques de ficelle et expliquera
qu'il s'assèche. Il existe peu d'autres jeux de ficelle
en mouvement dans le répertoire Karajá comme le
kutura wiribi kòtu raijaranyre (poissons nageant des
directions différentes), et le dòrehetxi webure (anus
du perroquet), qui seront montrés plus tard.
Les Karajás ont aussi visualisé des éléments différents
et variés de leur monde culturel dans leurs
constructions rerus. Il existe un jeu de ficelle, pat
exemple, qui représente l'être mythique Txureheni
(le grand-père des réjouissances Aruanã Karajás.)
Il existe une autre figure qui représente le Heto hokã,
qui est la "grand maison" où les cérémonies
d'initiation des garçons sont tenues. Un des motifs
décoratifs du corps Karajá, le hãru, a aussi son
équivalent dans une construction reru. Tori narihi
(l'aviron de l'homme blanc), kuparina (lampe), et
balin (bonbon) sont quelques exemples.
Quelques uns des jeux de ficelle Karajás ont été
identifiés comme les même figures observées dans
d'autres répertoires du jeu de ficelle de groupes
indiens au Brésil, le kuràbikò iwokutidekyre, le
serpent aveugle "sans ventre" a son correspondant
parmi le peuple Tapirapé mais on le nomme ipiryja
remi'o, qui signifie "pacu" (un grand poisson d'eau
douce) mangé par les piranhas (Paula and Paula
2002). Le lac asséché Karajá ahu runyreri est hipó
parmi les Krahô et yopãtypãwera parmi les Tapirapés.
Les Indiens Canela Ramkókamekra ont la même
figure sous un nom différent - tep-yarkwá, qui
signifie gueule de poisson, d'après l'ethnologue
Kurt Nimuendaju qui l'a recueillie en 1935.
En ce qui concerne leur aspect formel, les figures
rerus peuvent être classifiées en trois grandes
catégories: celles bidimensionnelles, qui sont les
plus nombreuses; celles tridimensionnelles, comme
le bytoè hetoku (pigeonnier), le hakuri rokoti (le
paca - le train arrière d'un grand rongeur), le
helykyre wajuju (l'aiguillon du canard), entre autres;
et les figures en mouvement qui ont été mentionnées
avant. Il y a aussi une très grande figure rerue -
l'ahãdu (la lune) - qui est construite à partir de
deux ficelles en boucle, et l'aide d'un partenaire.
Lorsqu'un partenaire n'est pas disponible, on peut
quand même la faire en plus petit, avec l'aide des
orteils des deux pieds et de juste une ficelle en boucle.
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Les nouveaux Berceaux
et les figures
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