Association Internationale du Jeu de Ficelle

Tom Storer page 3

Hommage à 

 Quelqu'un qui Aimait la Ficelle

par Mark Sherman

 

Apprendre à connaitre Tom

 
 La première lettre que j'ai reçue du Professeur
Thomas Storer était datée du 4 février 1984.
Elle était écrite à la main à l'encre, sur du papier
jaune, comme l'ont été toutes les lettres suivantes,
que j'ai reçues de lui, durant notre correspondance
qui a duré 22 ans. Sa calligraphie impeccable et
précise mais astucieuse et élégante, a été quelque
 chose que j'ai appris à aimer et à admirer. J'ai
toujours apprécié le fait qu'il prenait le temps
d'écrire à la main ses lettres, et en retour j'ai
essayé de faire de même (même si j'ai souvent du
recopier des pages entières, de multiples fois en
 essayant de correspondre à son style parfait!).

J'ai trouvé le nom et l'adresse de Tom au dos du
Bulletin de l'Association des Jeux de Ficelle de
1982, que Honor Maude m'avait envoyé, en
réponse à ma première lettre que je lui avais
écrite. A cette époque, il n'y avait seulement que
14 membres non-Japonais, et donc choisir
quelqu'un à qui écrire n'était pas une décision
difficile à prendre. En tant que biochimiste en
herbe qui avait juste achevé sa première année
du troisième cycle à l'Université de la Californie
du Sud à Los Angeles, j'étais particulièrement
impressionné par le fait que Tom était un Professeur
de Mathématique, à l'Université du Michigan à
Ann Arbor, assez près de l'endroit où j'étais né
et avait été élevé dans l'Ohio. Etant donné qu'il
était un professeur de math, j'ai pensé qu'il pouvait
savoir si les ordinateurs étaient capables de résoudre
des jeux de ficelle connus seulement par leur motifs
finaux (en particulier les motifs de Nauru au dos du
livre de Jayne). Pour l'impressionner, je lui ai envoyé
une liste de 67 livres ou articles sur les jeux de ficelle
que j'avais photocopiés en passant en revue les
bibliothèques de recherche de l'USC (l'Université de
la Californie du Sud) et de l'UCLA (l'Université de
la Californie Los Angeles).

 

Sa réponse m'inspira pour plusieurs raisons. D'abord,
j'ai appris que lui aussi avait fait un premier travail
à l'USC (1960-1964), et il avait apprécié de découvrir
certains des très semblables livres et articles que je
venais juste de trouver. Deuxièmement, comme moi,
sa passion pour recueillir de la littérature sur le
jeu de ficelle était insatiable: au début des années
60, Tom avait pris le temps, en fait, d'écrire à des
centaines de bibliothèques du monde entier, pour
leur demander si elles avaient de la littérature sur les
jeux de ficelle, et si elles avaient une politique de prêt
  inter-bibliothèques. Dans sa première lettre, il
fournit l'explication suivante:

 

Souvenez-vous, qu'il y a 20 ans, le prêt
  inter-bibliothèques était bien plus restrictif que
 maintenant, et Xeros venait juste d'entrer dans les
bibliothèques sponsorisées des grands états; une
méthode, (très insatisfaisante) nommée "Thermo-Fax"
était expérimentée en temps que méthode de
duplication rivale de Xéros. C'est difficile à croire
maintenant, mais au début des années 60, il était si
difficile d'obtenir des copies satisfaisantes que
- généralement - je copiais à la main les articles
d'une longueur totale de plus de 10 (!) pages. Une
bibliothécaire du prêt inter-bilbliothèques,
absolument merveilleuse, tenace, et belle -
Mme Ingebretson - a commencé à s'intéresser aux
jeux de ficelle, et aux problèmes techniques liés à
l'obtention des manuscrits, et a bougé ciel et terre
pour obtenir certains d'entre eux pour moi.
Le résultat de ces 2,5 années d'aventure a été
quelques + de 530 références, classées d'une mention
sommaire "...les indigènes jouent aussi à ce jeu"
aux collections remarquable, comme Jayne, Maude,
Haddon, Beaglehole, Jenness, etc. Chaque nouvelle
   arrivée ouvrait tout grand les portes à une nouvelle
culture et entretenait ma santé mentale pendant
 le travail sur mon master (en mathématique). Les
travaux remplissent 5 classeurs (6"-8" chacun) qui
sont encore placés à une place proéminente sur mes
 étagères, étant peut-être les "livres" les plus  référencés
de ma bibliothèque. C'est amusant n'est-ce pas qu'à une
différence de 20 ans, nous ayons tout deux pillé la
bibliothèque de l'USC à la recherche de jeux de ficelle.

Je n'ai pas seulement mis mes pas dans ses empreintes,
alors que j'avançais avec difficulté jusqu'au
rayonnages des bibliothèques de l'université de
L.A., mais j'ai aussi choisi d'organiser mes photocopies
dans des classeurs!

 

En réponse à ma question sur les ordinateurs il a
écrit:

Les jeux de ficelle sur ordinateurs est impossible
je crois, à cause de la difficulté à modeler la
tension de la ficelle et de mon inhibition;
et des choses plus faciles pourraient probablement
être réalisés maintenant... Pour un "catalogue" des
références croisées de figures, l'ordinateur serait
idéal!

 

Tom a terminé sa première lettre en écrivant:

Eh bien, Mark, j'y penserai. Je suis content d'avoir
eu de vos nouvelles; je suis heureux de voir qu'on
continue à s'intéresser aux jeux de ficelle - j'ai
souvent peur qu'ils ne disparaissent. Je serai heureux
de correspondre avec vous si vous le voulez bien.
Salutations, Tom Storer.
P.S. J'aime être appelé 'Tom' - J'ai joint la sorte
de ficelle que j'emploie couramment. Essayez-là,
elle est très satisfaisante. (Encore plus après avoir
été un peu utilisée).

 

L'approche de Tom me plut, donc j'acceptais
volontiers son offre de correspondance. En outre,
j'étais intrigué par la camaraderie qu'il partageait
avec Honor Maude. Dans sa lettre du 4 février, il
écrivait:

 

Cela m'attriste de penser à l'entente avec Honor
Maude tout au long de ces années. Elle m'a tant
inspiré ainsi que plusieurs générations de jeunes
enthousiastes du jeu de ficelle. Elle est certainement
une des plus bonnes ladys au monde aujourd'hui, je
la considère comme un membre de ma famille et -
quoique je n'écrivais pas si souvent jusqu'à ces
derniers temps - une semaine se passait rarement
sans que mes pensées ne se tournent vers elle
affectueusement, avec respect. Elle a apporté une
clarté de l'exposition de la littérature du jeu de
ficelle, qui témoigne d'un grand amour et d'une
compréhension du sujet; ainsi qu'un profond
respect pour les cultures indigènes impliquées.

Plus tard, dans une lettre datée du 2 mai 1984,
Tom mentionna avoir correspondu avec Honor
Maude pendant deux décennies, mais ce n'est
qu'après sa mort, que j'ai vraiment pris conscience
 de l'importance de leur correspondance (des
centaines de pages), ainsi de combien il était
intimement impliqué dans le testage des instructions
et de la relecture de ses livres. Ses commentaires
reflètent son admiration sans fin pour elle:

Je suis retourné (d'un tournois de frisbee) et j'ai
trouvé une lettre d'Honor Maude qui a été vraiment
très bien reçue! Elle exprimait de l'enthousiasme
sur la publication de ma Bibliographie, et en
parlerait à H. Noguchi lorsqu'elle se rendrait en
Australie en août prochain. Elle écrit qu'elle a
passé un après-midi avec un raconteur australien
[nom], qui utilisait des jeux de ficelle de son
invention (surtout des animaux) pour illustrer
ses narrations. Savez-vous pourquoi j'aime cette
merveilleuse personne, Mark? Voilà ce qu'elle
est, éminente parmi les adeptes non-tribaux
du jeu de ficelle du monde entier, passant trois
heures d'une après-midi avec un candide
raconteur et sa ficelle, si excitée par sa rencontre
qu'elle avait été incapable de dormir cette
nuit! Elle est un mélange miraculeux de
sophistication académique et d'émerveillement
enfantin, qu'elle partage avec tous le monde
sans fard et ouvertement; ainsi qu'avec moi
pendant plus de 20 ans maintenant. Quel honneur
de la connaître!


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